Le Régiment de Carignan-Salières: piliers de l’histoire canadienne

« Ceux-cy nous ont toujours fait la guerre, quoy qu’ils ayent quelquefois fait semblant de demander la paix » Journal des jésuites, chapitre 5: Du païs des Iroquois et des chemins qui y conduisent, An 1665.

Aujourd’hui, j’aimerais vous partager un texte que j’ai rédigé l’an dernier avec l’historien Laurent Turcot pour sa chaîne Youtube L’histoire nous le Dira, une chaîne dédiée à la vulgarisation de l’histoire qui a récemment reçue le prestigieux prix du public pour le Prix Youtuber Histoire dans le cadre du salon Histoire de Lire – Versailles et que je vous incite fortement à visiter! Je joins également ici la vidéo, pour que vous puissiez apprécier les deux versions de cette capsule sur un événement fondateur de notre histoire:

Créée il y a tout juste un an, la chaîne l’Histoire nous le Dira rassemble aujourd’hui près de 60 000 abonnés!

Le régiment de Carignan-Salières: ce nom vous dit probablement quelque chose. On dit que plus d’un million de Canadiens et Canadiennes descendraient aujourd’hui de ces soldats venus défendre la Nouvelle-France (1), dont un Québécois sur 10.

Plusieurs municipalités portent encore le nom de leurs officiers, comme Longueuil, Berthier, Verchères, et Chambly, par exemple (2). Des forts militaires construits de leurs mains sont aujourd’hui des centres d’interprétation historique reconnus. Nombreux sont ceux qui considèrent ces soldats comme les piliers de notre histoire (3).

Mais qui sont ces hommes qui ont marqué si durablement le paysage québécois? En quoi leurs actions ont-elles été si déterminantes et que sont-ils venus faire ici, exactement? Il faut retourner 350 ans en arrière pour le comprendre.

Des armes pour la paix, des bras pour la colonisation

Le 19 juin 1665 (4), les premières compagnies de soldats du Régiment de Carignan-Salières débarquent à Québec. L’événement a de quoi impressionner: près de 1 500 hommes en uniforme, marchant au rythme du tambour sous le claquement des énormes drapeaux régimentaires, arrivent dans une colonie qui comporte à peine 3 000 âmes. C’est Louis XIV, le Roi-Soleil, qui envoie ces troupes réglées au Canada pour soumettre ses ennemis à sa volonté.

On sent bien que quelque chose d’important se passe dans la colonie. Mais quoi?

C’est la guerre! Vers 1650, les incursions des Iroquois en Nouvelle-France sont de plus en plus fréquentes et violentes, notamment les Agniers, une des nations iroquoises les plus rapprochées (5).

Ils en ont gros sur le cœur contre les Français, qui sont en train de s’accaparer tout le marché de la traite des fourrure avec leurs alliés, les Hurons. L’objet de toutes les convoitises est alors la fourrure de castor, réputée excellente.

La ruée vers le castor

Le castor existe déjà en Europe, mais la ressource s’épuise dangereusement au 16e siècle (6). On découvrira ensuite qu’au Canada, elle est surabondante. « Jackpot« .

Ça tombe à pic, car le commerce des chapeaux en feutre de castor explose littéralement à la même époque. Léger, imperméable, indéchirable, gardant sa couleur au soleil, le feutre de castor devient un objet de luxe très recherché (7).

Dès leur arrivée en Nouvelle-France, les Français vont donc se lancer tête baissée dans ce commerce. Ils achètent leurs fourrures des Hurons, qui s’approvisionnent dans la région des grands lacs: la zone où la ressources est la plus abondante. Jusqu’ici, tout va bien.

Toutefois, vers 1650, le vent tourne. La population des Hurons se met à chuter drastiquement, notamment à cause des maladies transmises par les Européens qui déciment leur population: ce qu’on va appeler plus tard le « choc microbien ». Les Français doivent donc aller chercher la ressource eux-mêmes plus profondément dans le continent.

Montréal est fondée en 1642 entre autres pour servir ces ambitions. Les Iroquois n’apprécient pas du tout la progression des Français le long du Saint-Laurent et décident de harceler la colonie.

Un jour de 1652, une patrouille de trois indigènes bondit des buissons et attaque Martine Messier, une habitante de Montréal venue travailler la terre. À peine est-elle sortie de la ville qu’elle est battue à coups de tomahawk. Un des iroquois veut scalper la malheureuse, mais celle-ci évite la mort de peu en empoignant fermement son assaillant à « un endroit que la pudeur nous défend de nommer » (8), sauvant sa vie du même coup.

L’instinct de conservation est vif chez tout individu!

Des soldats à la dernière mode européenne

Toujours est-il qu’il faut faire quelque chose. On envoie alors Pierre Boucher, le gouverneur de Trois-Rivières, en 1661 demander l’aide du jeune Louis XIV, qui ne fera pas dans la demi-mesure pour punir ceux qui s’attaquent au domaine du Roi.

Qui sont ces soldats et à quoi ressemblent-ils?

La présence d’un régiment entier de soldats professionnels est du jamais-vu, en Nouvelle-France à l’époque. Leur éclat tranche net avec les manières rudes de la colonie.

Leur uniforme est inspiré de la dernière mode européenne: Par dessus la culotte et la veste de laine, ils portent un manteau ample qui leur descend jusqu’aux genoux: le justaucorps. Un large chapeau complète l’ensemble. Le régiment de Carignan-Salières est d’ailleurs un des premiers en Europe à imposer le même habit à tout le régiment.

L’équipement est particulièrement moderne. En plus de l’épée et des charges de poudre noires portées en bandouillère, 30% du régiment est équipé du fameux fusil à pierre, une arme révolutionnaire à l’époque. Contrairement au mousquet, qui fonctionne grâce à une mèche dont l’entretien cause beaucoup de complications, le fusil à pierre est mis à feu grâce à une pierre de silex et nécessite peu d’entretien.

Ces hommes viennent de très loin: aussitôt choisi pour cette mission, le régiment va traverser a France à pied pendant trois semaines (9). Les hommes sont ensuite convoyés dans sept navires qui arriveront à Québec de juin à septembre 1665 (10).

Si l’arrivée de ces troupes inspire confiance et rehausse le moral de la colonie, on se rend vite compte qu’elles sont mal préparées à affronter le climat rigoureux.

On se le demande: comment arriverons-t-ils, dans ces lourds habits, à briser un ennemi léger et rapide, qui connait parfaitement la région? Ces Européens survivront-ils à la rudesse du pays?

Officier du Régiment de Carignan-Salières, 1666. Original par Lucien Rousselot en 1931. Robert Rosewarne. BAC, MIKAN 2837773, 2896020,

Officier du Régiment de Carignan-Salières, 1666. Original par Lucien Rousselot en 1931. Robert Rosewarne. BAC, MIKAN 2837773, 2896020, http://collectionscanada.gc.ca/pam_archives/index.php?fuseaction=genitem.displayItem&rec_nbr=2896020&lang=eng&rec_nbr_list=2896020,2837773

Remuer ciel et terre: une démonstration de force musclée

Les officiers du Régiment de Carignan-Salières ne laisseront pas aux habitants le temps de se poser la question très longtemps. Aussitôt arrivés, les hommes se mettent à construire des forts le long de la rivière Richelieu pour verrouiller la route d’invasion des Iroquois. Dès l’automne, les forts Saint-Louis, Richelieu et Sainte-Thérése sont érigés (11).

Un plan téméraire est ensuite organisé pour attaquer l’ennemi au cœur de leur propre territoire… en plein hiver (12)!

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En janvier 1666, environ 600 soldats du régiment et 70 Canadiens envahissent le pays Mohawk. Quelques Iroquois tombe dans l’embuscade, mais au final l’expédition échoue car la troupe a du mal à trouver son chemin dans ce monde sans route, où les bons guides constituent l’unique façon de s’orienter.

En septembre, une autre expédition est envoyée. Cette fois, les soldats accomplissent leur mission. Ils font irruption dans les villages Iroquois et les détruisent. La victoire est totale… ou presque! Car les Iroquois, préférant éviter le combat, ont fui leurs villages, qui étaient donc vides quand les Français y sont arrivés.

Que penser de ces expéditions? Si aucun combat n’a réellement eu lieu, les Iroquois ont été impressionnés par cette démonstration de force musclée, assez du moins pour signer une paix avec la France l’année suivante, en 1667 (13).

Un héritage durable

Que retenir du passage de ces hommes? Premièrement, leur venue marque une rupture nette dans la gestion de la colonie: depuis 1663, celle-ci est sous la gouverne directe du roi de France, et non plus entre les mains de compagnies marchandes comme celle des Cent-Associés. Québec prend une toute nouvelle place dans l’administration royale, dont une des premières manifestation est l’envoi des troupe du Carignan-Salières.

Ces soldats vont également servir aux projets de colonisation du Canada encouragés par le Roi. Une fois le pays pacifié, la Couronne va fortement inciter les soldats à s’établir au Canada en leur offrant des terres. Cette proposition généreuse va convaincre environ 400 soldats à rester (14). De ce nombre, 283 se marieront et auront une descendance, dont plusieurs avec des filles du Roy (15).

La région où les seigneuries concédées aux officiers du régiment sont le plus concentrées se situe à l’embouchure de la rivière Richelieu sur le fleuve Saint-Laurent: Berthier, Lanoraie, Lavaltrie, Sorel, Contrecoeur et Verchères, par exemple, portent toujours les noms de ces officiers (16).

Leur passage va également permettre à d’autres colons de s’installer dans les zones nouvellement sécurisées, notamment le long de la rivière Richelieu, mais aussi d’étendre la colonisation au bas du fleuve et en Gaspésie. Cette paix nouvelle va également inaugurer une période de prospérité durable.

Carte Carignan-Salieres

En vert, les seigneuries datant d’avant le passage du régiment de Carignan-Salières. En rouge, les seigneuries accordés aux militaires après leur passage. En jaune, les seigneuries accordées après leur passage. Radio-Canada: https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/738872/regiment-carignan-salieres-soldats-350e-anniversaire-arrivee

Finalement, l’expérience et les connaissances militaires de ces soldats seront mises à profit dans la formation d’une nouvelle milice canadienne, destinée à protéger la colonie des menaces futures.

Pour servir ces ambitions, les règles relatives aux armes seront plus flexibles dans la colonie que dans la mère patrie: En France, le droit de chasse est étroitement réglementé, réservé aux classes supérieures. Dans la colonie, la hiérarchie se trouve inversée. Les autorités favorisent la circulation des armes à feu, émettent même des ordonnances pour obliger chaque habitant à s’en procurer et la chasse est largement répandue.

Au final, ce n’est qu’après le passage des soldats du régiment de Carignan-Salières que les Français prennent totalement le contrôle de la vallée laurentienne.

Il faudra attendre 1690 pour qu’une autre menace pèse sur la Nouvelle-France, cette fois venant d’un ennemi que la France ne connait que trop bien: les Anglais.

Mais ça, c’est une autre histoire…

Samuel Venière

Historien consultant

  1. L’histoire du Québec: le régiment de Carignan-Salières, Capsule éducatives, https://www.youtube.com/watch?v=MeMQ4VY_QE8
  2. Ibid.
  3. Désignation de l’arrivée du régiment de Carignan-Salières en Nouvelle-France comme événement historique, Culture et communications Québec, Gouvernement du Québec, https://www.mcc.gouv.qc.ca/index.php?id=2328&no_cache=1&tx_ttnews%5Btt_news%5D=7207&cHash=83ecd704525bbdee4655a3fb7db8c8de
  4. Arrivée du régiment de Carignan-Salières en Nouvelle-France, Culture et Communications Québec, Gouvernement du Québec, http://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=26633&type=pge#.WtpFuS7wbIU
  5. [Les Six-Nations iroquoises sont composées, d’ouest en est des Tuscaroras, les Sénécas (Tsonnontouans), les Cayugas (Goyogoins), les Onondagas (Onontagués), les Onéidas (Onnéiouts) et les Agniers (Mohawks).
  6. Scénario:Visite guidée Lys et Lion, Les Services historiques les Six-Associés, Marie-Ève Ouellette, Ph D. Historienne et Benoît Bourdages.
  7. Ibid.
  8. François Dollier de Casson, Histoire de Montréal, dans Mémoire de la Société historique de Montréal, Montréal, 1868, p. 84, tiré de La vie libertine en Nouvelle-France de Robert-Lionel Séguin, Septentrion 2017 (première édition 1972), p. 17.
  9. Arrivée du régiment de Carignan-Salières en Nouvelle-France, Culture et Communications Québec, Gouvernement du Québec, http://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=26633&type=pge#.WtpFuS7wbIU
  10. Ibid.
  11. Arrivée du régiment de Carignan-Salières en Nouvelle-France, Culture et Communications Québec, Gouvernement du Québec, http://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=26633&type=pge#.WtpFuS7wbIU
  12. Carignan-Salières, régiment de, Encyclopédie canadienne en Ligne, http://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/carignan-salieres-regiment-de/
  13. Ibid.
  14. Ibid.
  15. Arrivée du régiment de Carignan-Salières en Nouvelle-France, Culture et Communications Québec, Gouvernement du Québec, http://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=26633&type=pge#.WtpFuS7wbIU
  16. Descendants du régiment Carignan-Salières, garde à vous! , Ici Radio-Canada, https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/738872/regiment-carignan-salieres-soldats-350e-anniversaire-arrivee

Canac, dit Marquis: de la guenille à la soie

« Ultima Ratio Regnum »  (Le dernier argument des rois) Locution latine gravée sur la volée des canons français sous Louis XIV.

Gageons qu’après cette lecture, vous n’entrerez plus dans une quincaillerie Canac-Marquis-Grenier avec le même regard. Tous les gens de Québec connaissent aujourd’hui cet incontournable de la vente de matériaux de construction. Peu savent toutefois que l’ancêtre de cette famille prospère arriva au Canada sans le moindre sous en 1685, comme simple soldat. Son histoire est un des plus beaux exemples d’ascension sociale en Nouvelle-France.

Officier, Tambour, Soldat CFM 1685. Canadian Military History gateway

Officier, tambour et soldat des Compagnies franches de la Marine (1685-1700). À droite, le soldat porte le justaucorps gris-blanc à doublure bleue. Son chapeau est bordé d’un faux galon d’or (mélange de fil de laiton et de ficelle jaune). Il est armé d’un mousquet, d’une baïonnette et d’une épée. Bien souvent, ses vêtements et son équipement de campagne est tout ce qu’un soldat possède. Reconstitutions par Michel Pétard. Passerelle pour le patrimoine militaire canadien

Un destin peu prometteur: soldat dans les troupes coloniales

Le métier de soldat est peu enviable. Les privations sont nombreuses, les risques liés au métier des armes sont réels et la solde est bien maigre. En effet, le salaire des troupes coloniales se limite à 1,5 livres par mois, un véritable salaire de misère (1). Comparativement, les troupes régulières, qui combattent en Europe, obtiennent facilement le double! Pourquoi donc s’y engager? Parce que le soldat de la Marine bénéficie d’une journée de congé sur trois, environ, qu’il peut rentabiliser en travaillant pour les colons. Et puisque le soldat loge chez l’habitant, où cette main d’oeuvre est bien appréciée, tout le monde y trouve son intérêt. Au final, ce Nouveau Monde offre des possibilités intéressantes, en autant que l’on y consente quelques efforts.

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Colonisateurs en Nouvelle-France, vers 1690. Francis Back

Cela semble suffisant pour Marc-Antoine Canac, né en 1661 à Lacaune, un petit village perdu dans le sud de la France,  qui s’engage dans les Compagnies franches de la Marine, en route vers le Canada en 1685 (2). De passage à Paris, un des terrains de chasse privilégiés des recruteurs militaires français, il intègre la Compagnie de François-Marie des Méloizes, enseigne sur les Vaisseaux du Roi et capitaine d’une troupe du détachement de la Marine, ces soldats spécialement formés pour défendre les colonies.

La famille des Méloizes deviendra tristement célèbre dans la colonie de Québec au 18e siècle quand Angélique Renaud d’Avènes des Méloizes, dite Madame de Péan ou encore « la Pompadour du Canada », causera de grands émois en devenant la maîtresse de l’Intendant Bigot, une union illicite pourtant acceptée par le mari cocufié, qui entend bien par là profiter des largesses de Bigot (3). Grand mal lui en prit, car lui et l’intendant seront accusés d’avoir accéléré la chute de la Nouvelle-France dans la triste « Affaire du Canada ». C’est sur cette affaire que la Couronne française s’appuiera pour justifier la dévaluation de la monnaie de carte. (4)

Carte dde Qc 1685

Québec, à l’arrivée de Marc-Antoine Canac. « Carte des Environs de Québec en la Nouvelle-France, mesuré sur le lieu très exactement, en 1685-86, par le Sieur de Villeneuve, Ingénieur du Roy »

Il est probable que Marc-Antoine Canac ait participé aux campagnes militaires victorieuses contre les Tsonontouans, en juillet 1687, expéditions dans lesquelles le capitaine Des Méloizes accompagne le gouverneur De Brisay. Il est également probable que notre homme ait participé à la défense de Québec contre William Phips en 1690 (son nom ne paraît pas dans « 1690, Sir William Phips devant Québec, histoire d’un siège » ouvrage dans lequel de nombreux noms de soldats sont cités). En réalité, nous n’en savons rien.

Carte des principales campagne en N-F

Carte des principales campagnes menées en Nouvelle-France et en Nouvelle-Angleterre. Passerelle pour l’histoire militaire canadienne, Gouvernement du Canada.

Toujours est-il que Canac fait si bien son travail là où il est logé, que sa « famille d’accueil » si l’on peut dire, décide de l’adopter officiellement un an à peine après son arrivée. Cet acte, passé devant le notaire Paul Vachon le 7 février 1686 et entériné dans les Registres de la Prévôté le 5 juin suivant, fait officiellement de Marc-Antoine Canac l’héritier légitime de tous leurs biens: une somme considérable (5). Ce coup du sort change complètement la donne de notre pauvre soldat, désormais propulsé à un rang très en vue.

Major de la milice de l’Île d’Orléans

À Canac va rapidement s’ajouter le nom de guerre, « Le Marquis », peut-être à cause de son tempérament. Ce soldat a de l’ambition, nous l’avons vu, et aussitôt après avoir acquis son nouveau titre de propriétaire terrien, va faire bénéficier les gens de sa paroisse de ses compétences martiales en intégrant la milice. Devenu capitaine de sa propre compagnie de milice, il passe à major-général de la milice de l’île d’Orléans au grand complet en 1718, soit environ six compagnies de 30 à 50 hommes chacune (6). Une petite armée en soi! Trente ans après son arrivée dans la colonie, il est devenu un incontournable pour tout ce qui concerne les opérations militaires en Nouvelle-France auxquelles participent activement la milice.

Comment notre homme acquiert-il le sobriquet de « Marquis »? Les capitaines de milice du temps de la Nouvelle-France sont souvent d’ex-militaires du Régiment de Carignan-Salières ou des Compagnies franches de la Marine. Ce sont des hommes de confiance, choisis par les membres de leur paroisse pour leurs compétences. L’expérience du feu donne à ces hommes une grande valeur parmi les miliciens. Par ailleurs, ces charges sont souvent réservées aux seigneurs des paroisses.

Traditionnellement, les officiers supérieurs se distinguent de leurs hommes par la qualité de leurs vêtements et Canac entend bien suivre cette voie. Son statut social lui permet de s’acheter de beaux ensembles: chose qui lui aurait été impensable autrefois. Il s’habille et se comporte avec prestance. C’est pour sa coquetterie que ses hommes commenceront à le surnommer « Le Marquis » (7). En 1733, alors qu’il est toujours Major-Général de la Milice de l’Île d’Orléans, il semble même qu’il prenne résidence à Québec, sans toutefois quitter son fief de l’Île. Parti de rien, comme ses hommes, Canac dit le Marquis est désormais un homme puissant, qui est véritablement passé de la guenille à la soie. 

Il faut savoir que les noms anciens occasionnent souvent un certain flottement dans les sources primaires de l’époque, même lorsque quelques jours seulement séparent ces documents. Ainsi, le chirurgien de l’Île d’Orléans en 1756, M. Mauvide, écrira « Antoine Marquis » pour décrire son patient, alors que le curé de la Paroisse écrira « Antoine Canac » pour parler de la même personne, alors que celui-ci expire son dernier souffle trois jours plus tard (8). Cela nous indique que les deux noms sont déjà courants. Toujours est-il qu’avec le temps, Canac dit le Marquis deviendra Canac-Marquis, le trait d’union remplaçant la particule.

Un patrimoine vivant

De générations en générations, la famille Canac-Marquis prospère. Au début du 20e siècle, ils sont des industriels, qui savent encore maintenir à flot la fortune familiale dont l’impulsion a débuté avec Marc-Antoine Canac, dit Le Marquis. En 1912, ils ont une manufacture de colle à Saint-Malo, ville de Québec, le fief inchangé de la famille depuis déjà plus de 200 ans.

Canac-Marquis Glue Manufacture. Archives Ville de Qc

La photographie représente une vue extérieure de la Fabrique Canac-Marquis, à Saint-Malo, Québec. Cette compagnie était un manufacturier de colle forte. Cette image est tirée du livre « Quebec, Canada, Issued by The Publicity Bureau » en page 52. Archives de la Ville de Québec

Le propriétaire de l’usine, Rodolphe Canac-Marquis, lui aussi désireux de montrer son rang social comme le fit son ancêtre autrefois pour mériter son sobriquet, se fait bâtir une luxueuse demeure sur la très sélecte Avenue des Braves en 1929.  Cette maison, dessinée par l’architecte Émiles-George Rousseau qui a fait d’autres très belles maisons du quartier, est toujours visible aujourd’hui, au 870 de la même rue (9).

Maison Canac-Marquis. Google Street

À cette époque, la famille touche déjà quelque peu à la ferronnerie et la fabrication de matériaux de construction, mais il faudra attendre 1981 et la fusion des deux entreprises familiales Jos Grenier fondée en 1875 et Louis Canac-Marquis fondée en 1878, pour donner naissance à l’établissement que nous connaissons aujourd’hui et son nom issu de l’alliance des deux familles: Canac-Marquis-Grenier (9).

 

Samuel Venière

Historien

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Sources:

  1. « État des vivres, habits et solde en l’année 1697 pour cent soldats de l’Acadie », Centre des archives d’outre-mer (France) vol. 113, Bibliothèque et Archives Canada [En ligne].
  2. La famille Canac-Marquis et familles alliées: dictionnaire généalogique, P.-V. Charland, Québec, 1918, p. 17
  3. RENAUD D’AVÈNES DES MÉLOIZES, ANGÉLIQUE, Dictionnaire biographique du Canada
  4. L’Affaire du Canada (1761-1763), André côté, article publié dans la revue Cap-aux-Diamants No. 83, Automne 2005.
  5. Op. cit. P.-V. Charland, p. 24
  6. Ibid., p. 25
  7. Des chemins et des Histoire, Denis Angers, Émission télédiffusée le 5 novembre 2017, sur MA Tv.
  8. Op. cit. P.-V. Charland, p. 26
  9. La Maison Canac-Marquis. Patrimoine urbain – Fiche d’un bâtiment patrimonial. Archives de la Ville de Québec
  10. Histoire – Les débuts de Canac-Marquis-Grenier, Site web de l’entreprise Canac-Marquis-Grenier, http://www.canac.ca/fr/a-propos-de-canac.aspx

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La chute de Québec en 1629: L’art de la guerre

« Une forteresse se prend par l’habileté, non pas par la seule violence » – Arthur Conan Doyle, the british campaign in France and in Flanders.

Peu de gens savent que la première chute de Québec ne date pas de 1759, mais bien d’un siècle et demi plus tôt en 1629, suite aux manœuvres des frères Kirke. À cette époque, Québec n’est encore qu’un comptoir, comme les Européens en sèment depuis une centaine d’années partout en Amérique du Nord, qui se développe autour d’une petite place forte;  l’Habitation. Sa structure temporaire en bois rappelle les petits châteaux médiévaux, avec logement, magasins et ouvrages défensifs. Elle est le centre névralgique de toutes les opérations menées en Nouvelle-France. Construite par Samuel De Champlain en 1608, elle sera entièrement rénovée en 1623, prenant dès lors l’aspect d’un U flanqué de deux tourelles d’angle et ceinturé d’une palissade (1. p. 56). L’Habitation prend l’allure d’un véritable fortin. Malgré cela, ces fortifications restent rudimentaires.

Maquette de Michel Bergeron reconstituant Québec en 1635, date de la mort de Champlain.

L’aventure des frères Kirke s’inscrit dans le contexte de la guerre de Trente Ans en Europe, plus spécifiquement à la lumière des manœuvres pour l’exclusivité pour le commerce de fourrures en Amérique du Nord. Dès le début du 17e siècle, les Anglais et les Français ont des yeux voraces rivés sur les ressources du Nouveau Monde. Les deux nations rivalisent pour s’y établir en premier et une véritable course commence alors: La France fonde Tadoussac en 1600 et Québec en 1608 alors que la Grande-Bretagne, non loin de là, établit des colons à Jamestown en 1607 et à Plymouth en 1620. Des rivalités incessantes mènent à une déclaration de guerre officielle entre la France de Louis XIII et l’Angleterre de Charles 1er en 1627. Mais l’expédition des Kirke ne peut être comprise comme le prolongement de cette guerre en Amérique. Elle résulte plutôt d’une révolte des huguenots (protestants français) contre l’attitude du Cardinal Richelieu et la convoitise suscitée par la traite des fourrures dans la vallée laurentienne (1. p. 96).

En 1627, Louis XIII et son ministre Richelieu accorde le monopole exclusif de la traite des pelleteries (fourrures) à la nouvelle Compagnie des Cents-Associés. Au même moment, des marchands londoniens, dont Gervase Kirke, demandent des privilèges sur le même territoire au roi d’Angleterre. Celui-ci accorde, en 1628, des lettres autorisant la course et l’attaque de tout navire français dans la zone concernée. Les fils de Gervase Kirke (David, Lewis, Thomas, John et James) montent ainsi une escadre de trois navires sous le commandement de l’aîné, David. Pourtant, les Kirke ne sont pas Anglais… Mais bien Français! Les frères David et Thomas Kirke naissent à Dieppe, en France. Issu d’une famille marchande, David fera fortune en commerçant tant en France qu’en Angleterre.  Convertie en corsaire et attirée par les opportunités commerciales fournies par la guerre, la famille part une première fois de Grande-Bretagne en 1628 avec pour objectif de soumettre la Nouvelle-France (2).

L’art et l’éthique de la guerre en Europe

Soldats français du début du XVIIe siècle: Ces soldats français sont habillés dans un style qui est répandu dans presque toute l’Europe occidentale au début du XVIIe siècle. Gravure du milieu du XIXe siècle, d’après un dessin d’Alfred de Marbot.

La logique militaire du 17e siècle n’implique pas nécessairement la destruction totale de l’adversaire. On se contente de prendre avantage sur l’ennemi et de l’affaiblir afin d’en tirer le maximum. On conçois la guerre différemment, presque comme un sport, une démonstration d’habiletés. Comme les lois implicites encadrant un duel entre gentilshommes, la guerre est soumise à un ensemble de règles d’éthique ou code de civilité. La courtoisie fait toujours partie des échanges, symbole du raffinement et de l’éducation des hommes qui s’opposent. On préfère les escarmouches et les petits affrontements aux grandes batailles coûteuses. En Europe, on invite même parfois les citadins à assister aux batailles à partir des remparts de la ville la plus près en guise de spectacle! N’est-ce pas trop dangereux? Pas encore. L’efficacité de l’appareil militaire demeure relativement médiocre (3). Le principe même de la guerre revêt un aspect de divertissement, qui va rapidement disparaître à la fin du 17e siècle. C’est qu’à ce moment, les développements de la cannonerie provoquent une hausse effrayante du nombre de mort sur le champ de bataille et des scènes de plus en plus morbides et difficiles à voir. Assister, même de loin, à une bataille devient trop risqué dû à la portée croissante des projectiles et on finit par interdire cette pratique, par sécurité.

Les commandements militaires sont habituellement le privilège des nobles; les « bellatores» (littéralement, ceux qui se battent). C’est l’ordre de préférence de la société. Leur pratique doit donc être le reflet de cette classe. Cette courtoisie, on la remarque dans le conflit qui va opposer Samuel de Champlain aux frères Kirke, notamment par le biais des échanges que s’écriront les deux parties par l’entremise de lettres ainsi que du vocabulaire employé lors des négociations.

Les frères passent à l’assaut

Em 1628, les frères Kirke tentent une première fois de conquérir de Québec. Avec 150 fantassins à bord de leur trois navires, ils descendent le fleuve et s’emparent de Tadoussac.  Afin de couper les vivres aux Français, ils mettent à feu la ferme de Cap Tourmente, à proximité de Québec, qui est la première exploitation agricole en Nouvelle France (1626) et sert de réserve à foin et lieu de pâturages pour les gens de Québec. Les Kirke interceptent également un bateau portant des vivres à la cité afin d’en accélérer la soumission. Le troupe est persuadée de pouvoir prendre la ville rapidement. Tout en prenant progressivement le contrôle du fleuve Saint-Laurent d’Est en Ouest, les frères Kirke prennent leur quartiers à Tadoussac d’où ils font parvenir une missive à Champlain l’enjoignant de capituler. David Kirke écrit:

« Je m’étais préparé pour vous aller trouver trouver mais j’ai trouvé meilleur seulement d’envoyer une patache et deux chaloupes pour détruire et se saisir du bétail qui est à cap Tourmente, car je sais que, quand vous serez incommodé de vivres, j’obtiendrai plus facilement ce que je désire, qui est l’habitation. […] C’est pourquoi voyez ce que vous désirez faire, si me désirez rendre l’habitation ou non, car, Dieu aidant, tôt ou tard, il faut que je l’aie. […] Mandez-moi ce que [vous] désirez faire et traiter avec moi pour cette affaire. Envoyez moi un homme pour cet effet, lequel je vous assure de chérir comme moi-même, avec toutes sortes de consentements, et d’octroyer toutes demandes raisonnables que désirerez vous résolvant [résoudant] à me rendre l’habitation. Attendant votre réponse et vous résolvant de faire ce que dessus, je demeurerai, messieurs, et, plus bas, votre affectionné serviteur, David Quer [Kirke], du bord de La Vicaille, ce 18 juillet 1628 […] » (4. p.114)

La situation est critique pour Champlain. Québec ne manque pas d’armes, mais plutôt d’hommes et de vivres. Champlain doit agir vite, car le contrôle du fleuve par les Anglais menace d’affamer la

Ferme de Cap Tourmente construite en 1626. Première exploitation agricole en Nouvelle-France. © Francis Back

colonie, et fait alors un choix décisif ; utiliser la ruse pour tromper son adversaire. Observant que les Kirke, demeurés à Tadoussac, les menacent de loin, il déduit qu’ils ignorent si les Français sont préparés à se défendre ou non. Il décide d’exploiter cette faille et fait alors parvenir une lettre aux Kirke affirmant qu’ils ont amplement de vivres et d’armes pour combattre, ce qui est totalement faux. En guise de réponse, il leur tient cet éloquent discours:

« La vérité [est] que plus il y a de vivres en une place de guerre [et] mieux elle se maintient contre les orages du temps [...] C’est pourquoi, ayant encore des grains, blés d’Inde, pois, fèves, sans ce que le pays fournit, dont les soldats de ce lieu se passent aussi bien que s’ils avaient les meilleures farines du monde, et sachant très bien que rendre un fort et l’habitation en l’état que nous sommes maintenant, nous ne serions pas dignes de paraître hommes devant notre roi [et] que nous fussions répréhensibles et mériter un châtiment rigoureux devant Dieu et les hommes. La mort combattant nous sera honorable » (3. p.114-115).

En vérité, Champlain parle lui-même pour l’hiver de 1628-1629 de « 55 à 60 personnes » dans la colonie, dont 18 seulement « en état de travailler aux choses nécessaires, tant du fort de l’habitation qu’au Cap Tourmente » (1. p. 98). Il est loin de pouvoir supporter le siège de 150 hommes. Pourtant, même s’il n’a pas les ressources qu’il proclame, sa stratégie fonctionne! Les Anglais rebroussent chemin. Champlain avouera plus tard:

« ils [les Kirke] délibérèrent [de] ne perdre de temps, voyant n’y avoir rien à faire, croyant que nous fussions mieux pourvus de vivre et de munitions de guerre que nous étions, chaque homme étant réduit sept onces de pois par jour, n’y ayant pour l’or que cinquante livre de poudre à canon, peu de mèches et de toutes autres commodités. S’ils eussent suivis leur pointe, malaisément pouvions-nous résister, attendu la misère en laquelle nous étions, car en ces occasions bonne mine n’est pas défendue ». (4. p.115)

Ce bluff audacieux convainc les frères d’abandonner l’assaut. Pour l’instant.

Champlain a gagné du temps, mais sa situation est précaire. La disette s’installe et ce dernier joue des alliances avec les Amérindiens afin d’économiser des vivres en faisant héberger chez eux quelques colons. L’année suivante, en 1629, soutenus par la Company of Adventurers to Canada, les Kirke réapparaissent sur le fleuve Saint-Laurent avec, cette fois, une troupe de 500 hommes. Ils assiègent la ville sans tarder et écrivent à Champlain:

Monsieur, en suite de ce que mon frère [David Kirke] vous manda l’année passée que tôt ou tard il aurait Québec, n’étant secouru, il nous a chargé de vous assurer de notre amitié, comme nous vous faisons de la nôtre. Et sachant très bien les nécessités extrêmes de toutes choses auxquelles vous êtes, que vous ayez à lui remettre le fort et l’habitation entre nos mains ». (4. p. 150.)

Décidément, ceux-ci sont tenaces. N’ayant reçu aucun secours de la France et impuissant à soutenir le siège, « sans vivres, poudres ni mèche et sans secours», Champlain n’a plus le choix et se résigne à capituler et ensuite de quitter Québec, que les Kirke occuperont jusqu’en 1632. Pendant l’occupation, la plupart des Français sont déportés en France.

La conquête «illégale»

Champlain, ramené en Angleterre puis expédié en France, apprend alors que plusieurs autres places françaises sont tombées dans la guerre contre l’Angleterre, comme Port-Royal, Pentagouet et Cap-Breton. Qu’à cela ne tienne, il apprend également que la prise de Québec s’est déroulé plus de trois mois après la signature du traité de Saint-Germain-en-Laye mettant officiellement fin au conflit entre l’Angleterre et la France. Par conséquent, la prise de Québec est illégale et l’Angleterre doit rendre les territoires soumis à la France. Le 29 mars 1632, en vertu du traité, le conflit prend fin. Par conséquent, Québec comme les colonies et les terres d’Acadie sont rétrocédées à la Couronne française. Les colons de retour sur leurs terres retrouvent l’habitation et les bâtiments dans un sal état, incendiés au départ des Anglais dans un effort ultime pour nuire aux habitants.

La réputation des Kirke n’est plus à faire. En France, pendant tout le déroulement des événements de 1628-1632, des Français métropolitains brûlent des effigies des frères Kirke, considérés comme des traîtres à la patrie pour avoir livré la Nouvelle-France à la couronne anglaise. Du côté britannique, les Kirke obtiennent la citoyenneté anglaise et des titres en guise de récompense pour leurs exploits.

Pendant tout le 17e et 18e siècle, Québec demeure toujours l’objectif ultime des opérations militaires menées contre la Nouvelle-France. De nombreuses fois la cité sera la cible d’expéditions militaires anglaises, soit en 1629, en 1690 avec William Phips puis en 1711 avec Hovenden Walker et une dernière fois en 1759 avec Wolfe. À cause de son emplacement stratégique et de son rôle de capitale politique, la ville acquiert un puissant caractère militaire qui sera perpétué sous le régime anglais jusque dans les années 1830. Cette vocation militaire et récente demeure bien visible dans la physionomie moderne de la vieille ville. Ceux qui en doutent n’ont qu’à porter leurs yeux sur elle pour se heurter à ses épaisses murailles, par endroit percées d’une rangée de canons, et sa formidable citadelle de style Vauban dominant les hauteurs du Cap-Diamant depuis près de deux siècles.

Samuel Venière

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1. BERNIER et al., Québec ville militaire 1608-2008, Éditions Art Global, Presses Transcontinental Québec, 2008.

2. Place Royale. Personnages historiques: David Kirke et ses frères (~1597-~1654). Site web

3. CHILDS, John, Atlas des Guerre: la guerre au XVIIe siècle, Atlas des guerres, 2004.

4. Samuel de Champlain, Derniers récits de voyages en Nouvelle-France et autres écrits 1620-1632, Réédition intégrale en français moderne, introduction et notes par Mathieu d’Avignon, Presses de l’Université Laval, 2010.

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